Les projections-événements et les classes de maître
QUéBEC/CANADA | 37 minutes | 2011
L’installation vidéo «Berlin – Le Passage du temps» se déploie sur quatre écrans plats HD placés horizontalement l’un à côté de l’autre. Quatre bandes vidéo de longueurs différentes (entre sept et douze minutes) jouent en boucle sur ces écrans. Conséquemment, ces boucles sont en constant décalage les unes par rapport aux autres de sorte que le spectateur a devant lui une mise en relation toujours renouvelée de différents fragments d’images et de sons.Les segments dont ces boucles sont composées viennent de tournages réalisés dans divers lieux berlinois, en juillet 2012, en aout 2013 et en octobre 2013. Ces tournages sont très ancrés dans le présent de la vie quotidienne de la ville mais simultanément, ils font référence de diverses façons à des épisodes de l’histoire récente de la ville de Berlin, allant de Weimar à la deuxième guerre mondiale, à la reconstruction actuelle du centre de la ville, en passant par le «mur», le blocus et le pont aérien de 1948/49, et les édifices monumentaux de la DDR. Certains segments (images prises du S-Bahn, la ronde des bateaux de touristes sur la Spree, le trafic des bicyclettes) ont un rôle de transitions et de leitmotivs qui traversent toutes les bandes.Deux segments sont consacrés à des personnalités intellectuelles berlinoises qui me sont chères, Bertolt Brecht et Walter Benjamin qui ont eu un destin croisé d’exilés pendant la Seconde guerre mondiale. L’installation est particulièrement marquée par différents thèmes benjaminiens comme l’image du flâneur, une conception singulière de l’histoire et des liens qui peuvent unir le présent au passé, les notions d’image dialectique et d’allégorie.Chaque bloc de tournage a d’abord fait l’objet de manipulations numériques de sorte à donner une plus grande densité au matériau. Ensuite, un réseau de surlignage animé a été ajouté de sorte à agir sur le regard du spectateur et à induire une sorte de vertige historique. Les fragments de vie quotidienne sont allégorisés tout en conservant leur réalité brute originaire. À un autre niveau, plus formel, les différents segments sont marqués, de diverses façons, de moments d’intensité qui, grâce aux décalages entre les boucles, vont créer, à l’échelle des quatre écrans, une composition de chocs dynamiques constamment reconstituée qui se superpose au réseau des connexions thématiques. Cette construction en montage combinatoire à plusieurs niveaux invite le spectateur à se positionner alternativement dans une contemplation d’ensemble du déroulement ou dans l’observation concentrée de chacun des fragments, en circulant d’un écran à l’autre.La boucle la plus longue étant d’une durée de 12:30 minutes, l’ensemble des images qui composent la pièce peuvent être vues une première fois dans ce lap de temps. Cependant, à cause de la construction combinatoire, il est possible de rester dans un état de fascination hypnotique devant l’installation pour une période beaucoup plus longue.
Dans le cadre de LIEUX ET MONUMENTS DE PIERRE HÉBERT
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