Hommages - Rétrospectives - Films sur le cinéma
ÉTATS-UNIS | 114 minutes | 1998
Une petite localité perdue dans le New Hampshire, un policier abimé par l’existence, un homme d’affaires malhonnête et la mort suspecte d’un leader syndical : voilà les ingrédients qui façonnent cette captivante intrigue policière d’un Paul Schrader qui revient en grande forme. Fidèle à l’univers singulier de Russell Banks, dont le film est l’adaptation du roman éponyme, Affliction maintient que la violence n’épargne personne lorsqu’elle est le moteur des interactions entre les membres d’une famille en perpétuels conflits. Une descente aux enfers inoubliable et une colère insondable qui nous explose en plein visage au final. Brutal.Projection spéciale en 35 mmEn présence du réalisateur
FormationElevé dans une famille calviniste très stricte qui lui interdit de voir des films, Paul Schrader découvre le cinéma à l'âge de dix-huit ans à Los Angeles. Inscrit à l'université de Californie de Los Angeles, il présente une thèse sur "Le style transcendantal au cinéma : Ozu, Bresson, Dreyer" qui fait date. Devenu critique de cinéma, il commence à écrire des scénarios.Carrière au cinémaMarqué par sa jeunesse calviniste, Paul Schrader produit une oeuvre pessimiste largement inspirée par la thématique chrétienne du péché et de la rédemption. Il cosigne tout d'abord le scénario de Yakuza (Sydney Pollack, 1975) avant de remporter un grand succès avec Taxi driver (Martin Scorsese, 1976). Cette histoire d'un homme solitaire en proie à des fantasmes suicidaires préfigure le reste de son oeuvre. Alors qu'il est un scénariste déjà très demandé, il tourne son premier film en 1978, Blue collar, qui décrit avec une précision inhabituelle la vie ouvrière en Amérique. Ce cinéaste prometteur déçoit quelque peu avec Hardcore (1979) et American Gigolo (1980), deux films dénonçant avec vigueur l'immoralisme des moeurs sexuelles, sans toutefois éviter quelques complaisances. L'ambiguïté de ses intentions se vérifie avec La féline (1982), remake d'une fable tournée par Jacques Tourneur en 1942 boursouflé par les allusions freudiennes et l'obsession du sexe. Hantise du sexe et de la mort : tel est encore le sujet de son film le plus ambitieux, Mishima (1985), biographie complexe de l'écrivain japonais. Paul Schrader semble trouver un apaisement avec The comfort of strangers (1990), qui, sur un scénario d'Harold Pinter, donne une vision très épurée de Venise et de la dérive morale. La critique s'accorde à trouver en Affliction (1997) le film de la maturité du cinéaste. Inspirée d'un roman de Russell Banks, cette histoire d'hommes brisés par la violence familiale, la haine de soi et la paranoïa, dans le contexte d'une petite ville enneigée de la Nouvelle-Angleterre, convainc par la retenue et la précision de sa mise en scène. Peut-être faut-il y voir aussi l'identification d'un cinéaste avec son sujet. Parallèlement, la collaboration du protestant Paul Schrader avec le catholique Martin Scorsese donne d'autres films importants sur les thèmes de la descente aux enfers et de la grâce (Raging Bull, 1980 ; La dernière tentation du Christ, 1988 ; A tombeau ouvert, 1999).
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Long métrage , Drame
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